Tambouille pour écrivain

Le mythe de la surproductivité

Il y a encore peu de temps, je pensais que pour devenir écrivain, il fallait se transformer en machine. Etre ultraproductif, toujours sur le qui-vive, être un grand malade, quoi.

J’en parle dans ma vidéo sur le fait d’écrire tous les jours parce que j’ai bien changé, depuis.

Le mythe de la surproductivité me tient particulièrement à coeur et ça faisait vraiment très longtemps que j’avais envie d’aborder ce problème sur mon blog. Parce que oui, pour moi, ça a été un problème. Pendant quelques années. Je l’ai mentionné ici : j’avais l’impression de ne jamais écrire assez et mes journées étaient rythmées par cette culpabilité.

Il existe un mythe autour de l’écriture, ou de l’art en général qui dit que pour être un bon écrivain, il faut être extrêmement productif. Y consacrer plusieurs heures par jour, tous les jours. Produire toujours plus de mots, toujours plus de chapitres. Ecrire trois livres par an.

Alors oui, c’est une réalité, certains auteurs y arrivent sans soucis. Ils produisent énormément et vite. C’est aussi presque une norme, une recommandation chez les éditeurs qui veulent apporter sans cesse de la nouveauté à leur public.

L’art et l’ordre

Le processus créatif, en vrai, c’est le bordel. C’est loin d’être une ligne droite ça se décline en mille détours, en mille brouillons. Et la productivité n’a rien à voir avec tout cela.
Etre un bon écrivain n’a rien à avoir avec une surproductivité de mots ou d’histoire. Ce n’est pas parce que tu écris beaucoup que tu écris bien.
Ce n’est pas parce que tu travailles beaucoup que tu travailles bien.
La qualité de ton travail ne va jamais se mesurer à ton niveau de productivité.

Nous avançons chacun à des rythmes différents. Certains écrivains vont en effet passer des heures et des jours entiers sur un manuscrit. Pendant des mois. Puis poser leur crayon et ne rien produire pendant un long moment. D’autres ne lâchent jamais leur crayon. Quand ils ont fini, ils passent aussitôt à autre chose.

L’écriture et l’absence d’écriture

Je vais le dire ici, mais c’est ok d’avoir une période de creux. La dernière histoire que j’écrite date de juillet 2018. Depuis… rien. Je ne vais pas dire que je le vis bien, mais je ne vais pas dire que je le vis mal non plus. En fait, cela me laisse indifférente. Je me sens toujours habitée par une envie de créer des histoires, mais je sais aussi que je dois faire mon confiance à mon rythme. Si maintenant je n’ai rien, alors c’est que j’avais besoin de temps pour faire tourner des rouages inconscients. Ou pour les mettre au repos.

Je ne pense pas que si je m’étais forcée à une productivité irréelle pour reprendre l’éciture, j’aurais réussi à écrire quoi que ce soit.

Ecrire pour rien

Le mythe de la productivité va plus loin, encore.
Parfois, quand j’écrivais, quand je réussissais à écrire ENORMEMENT, je voulais que tout ce que j’écrive soit utile.
Utile = publiable. Viable.
Il faudrait que tout soit bon, imparfait, mais “corrigeable”, améliorable. Or, parfois, on écrit des scènes, des chapitres, des livres entiers… pour rien. Dans le vide absolu. Tout le monde s’en fout et ça ne verra jamais le jour. C’est pas productif. C’est du temps perdu. Du temps perdu à écrire de la merde.

Mais moi, je suis persuadée que tout ce temps que j’ai passé à mal écrire, à écrire des choses inutiles m’a été infiniment précieux. Je ne les échangerai pour rien au monde.

Ce temps là, ces mots là ne sont jamais gâchés. Ils font partie de mon histoire et de mon processus.

Trust the process

Je me laisse parfois porter par le processus créatif plutôt que d’essayer de le maîtriser. Bien sûr, quand on travaille sur un projet, il y a une routine qui s’installe. Des instincts d’auteur qui se mettent en place. Mais le processus, je pense, et j’assume mes positions un peu perchées, est tout autre. Il nous dépasse un peu. S’il y a autant d’étude sur la créativité et sur le flow, c’est bien parce que tout ça est mystérieux. Et qu’il est parfois inutile d’essayer de le dompter à grands coups de wordcount et de plannings bien ficelés.

Tout ça pour dire…

La surproductivité n’existe pas. Ou plutôt : elle existe, mais elle est inutile. Délétère. Il est inutile de chercher à écrire plus, plus vite, et mieux en pensant que cela va faire de nous de vrais écrivains.
Evidemment, je pense toujours que c’est un travail de longue haleine et de régularité, d’habitude et de détermination. Mais j’invite tous ceux qui s’épuisent et qui culpabilisent à revoir leurs objectifs pour être efficaces… tout en restant passionnés et en se donnant le droit à l’erreur.

Et vous? Quelle est votre vision de la productivité ?

(25) Comments

  1. Oh purée. J’ai tellement à dire à ce sujet aussi !
    Dans la vie, mon métier c’est illustratrice (quelle saltimbanque). Et quand j’ai commencé à me former (mon but c’était d’intégrer une très grande école de Cinéma d’Animation que je ne vais pas citer) aux concours d’entrées des écoles, j’ai demandé conseils sur des forums de dessins où les pros se mélangeaient aux moins pros. Et bien, de tous bords, le seul conseil que j’ai eu c’est (en gros) : dessine sans discontinuer, jusqu’à l’épuisement, il en sort toujours des trucs intéressants, un peu comme quand tu te drogues (euh, ok ?)”

    Je n’ai JAMAIS suivi ce conseil, absolument jamais. Et le fait que tous les élèves et anciens élèves de cette école me conseillent la même chose m’en a simplement tenue éloignée. Ils m’ont tous fait flipper, moi je voulais simplement apprendre le dessin, pas crever d’inanition sur ma table.
    Et pour l’écriture, on retrouve ces mêmes injonctions : écris tous les jours, privilégie la quantité à la qualité (au moins au début). Je sais qu’on devient forgeron en forgeant. Mais, je reste persuadée que c’est à nuancer. Chacun peut avoir une approche ou des objectifs différents qui n’en sont pas moins légitimes.

    1. Lea Hendersen says:

      Ca m’étonne pas que tu sois une saltimbanque !!!
      Je pense franchement qu’au début, il faut savoir privilégier la quantité. C’est ce que je faisais, et je pense que ça m’a servi. Après, je suis loin d’avoir la prétention de croire que je ne suis plus “au début” de mon travail d’écriture, mais je ressens moins ce besoin de produire, produire, produire pour m’améliorer. Je crois que c’est surtout un conseil pour connaître sa “patte” dans le dessin et sa “voix” en écriture.
      Et oui, c’est à nuancer. Ecrire tous les jours, c’est possible, pourquoi pas. Mais personne ne dit qu’il faut écrire 40 pages par jour, c’est aussi possible de relativiser et de dire : écrire UN PEU tous les jours. C’est aussi ça qui permet d’avancer.
      Et les conseils qu’on reçoit en école, c’est des … conseils. Il y a autant de process artistiques que d’artistes. Chacun voit midi à sa porte. J’ai lu une interview de Jean-Claude Mourvelat (auteur jeunesse) qui disait qu’il écrivait pendant quatre mois et ensuite, il arrêtait d’écrire pendant quatre mois. Et le gars est un auteur reconnu ! Donc… qu’est-ce qu’on est supposés penser?!

      1. C’est aussi ce que j’ai fait en écriture, et je crois que ça m’a permis de trouver un semblant de voix. En tous cas, ça m’a montré où aller, ce que je voulais, et peut-être par extension ce que je ne voulais pas.
        Le seul souci que j’y vois, c’est qu’à force de baigner dans la quantité sans chercher à peaufiner, on peut avoir du mal à se débarrasser de vieux réflexes (comme la surenchère, ne pas savoir aller à l’essentiel, pour n’en citer que quelques-uns) pas forcément bons ni constructifs. Un peu comme la conduite accompagnée, tu vois ? C’est cool, tu apprends à ton rythme avec ton daron pour modèle mais voilà, tu choppes aussi ses mauvaises habitudes qui ont la peau dure (et ça peut te coûter ton examen du permis) (quelle comparaison mes aïeux, y a de quoi être fière)
        On peut trouver un certain confort, une facilité à laisser les choses brutes, sans les retravailler (c’est un peu ce que j’ai vécu aussi), parce qu’on a l’impression d’accoucher une seconde fois (berk), ou qu’on ne sait simplement pas par où commencer, tu vois ?
        Donc pour moi, il est préférable sortir assez vite de la phase quantité pour apprendre à en faire de la qualité, parce que finalement, c’est ça le plus difficile.

      2. Le souci, c’est que là encore le conseil “pour progresser, il faut écrire” est déformé à force d’être trop usé. Comme dans tout, il est nécessaire de pratiquer une activité pour progresser – c’est évident. Mais on va un peu vite en besogne en traduisant “il est nécessaire d’écrire pour progresser” par “il SUFFIT d’écrire pour progresser”. Taper du texte au kilomètre, en soi et par lui-même, ne fait PAS progresser ! Je connais des indés qui publient trois romans par ans depuis des années et dont la prose n’a pas évolué d’un iota, car ils ne consacrent aucun temps à l’apprentissage – un peu comme un sportif qui enchaînerait match sur match sans jamais s’entraîner. Privilégier la quantité, ce n’est qu’un paliatif à l’insécurité, juste un moyen de se rassurer et de se dire “au moins, j’écris”. Mais pour progresser il faut aussi lire, étudier la théorie, pratiquer des exercices, s’interroger et méditer aussi simplement parfois, prendre le temps de digérer le projet d’avant et de préparer celui d’après. M’enfin, ce n’est que mon avis.
        🙂

        1. natacha says:

          je suis d’accord avec toi.
          il est vrai qu’on dit souvent “c’est en forgeant qu’on devient forgeron”, et personnellement, je fais confiance a ce dicton quand je dessine. c’est important de “se faire la main” et de pratiquer regulierement pour fluidifier son geste, mieux voir, mieux comprendre. etc. Ce qui est vrai dans plusieurs domaines.
          Par contre, avec l’ecriture, je ne sais pas pourquoi mon rapport est un pru different. Avant, oui, j’ecrivais beaucoup et j’ecrivais “mal” pour la simple raison qu’autrefois, il y a tres longtemps… je n’aimais pas trop lire…
          Du coup, en voulant m’ameliorer, voici le premier conseil d’ecriture que j’ai lu : “pour bien ecrire, il faut beaucoup lire”.
          Cela parait super evident, mais entre “ecriture intensive”(surproduction, usine) et “lecture intensive”, je prefere la lecture… alterner des periodes intenses d’ecriture (je ne compte pas les mots, je marche par “passage”, etape ou chapitre), et des periodes de lecture (sachant que je suis une lectrice lente… je prends tout mon temps avec les livres).
          Je pense aussi que le but n’est pas d’ecrire beaucoup ou pas, d’etre quantitatif ou meme “qualitatif”(d’ailleurs, qu’est ce qui fait reellement la qualite d’un livre, je m’interroge serieusement la-dessus ?), je crois que le plus important, la base de chez la base, c’est surtout d’avoir “quelque chose a dire”. Or pour cela, il faut vivre des choses, vivre tout court, observer, sortir, discuter, bref, experimenter des choses. Et donc, accepter “le temps de l’experience”. je crois qu’il ne faut vraiment pas culpabiliser vis a vis des periodes de creux, au contraire, ce sont des poches d’experience, des ateliers d’observation, des moments de vie. On court meme le risque de s’etonner d’avoir une plume plus fluide et plus lucide apres. bref. “Il y a un temps pour tout”.

          1. Lea Hendersen says:

            Tout ce que tu dis est tellement vrai. Prendre le temps de vivre, de gagner en expérience et d’avoir quelque chose à dire. L’imagination fonctionne aussi avec les expériences de vie. Pour la lecture, j’ai aussi des périodes où je lis beaucoup et d’autres beaucoup moins. Les séries et les films font aussi partie de mon inspiration.
            Merci pour ton commentaire et pour les autres… ALLEZ VOIR LE COMPTE INSTA DE NATACHA !!

        2. Tout à fait d’accord avec toi, Stéphane !

  2. (Oh, un nouveau design !)
    Je crois que cette injonction à être productifs ne touche pas que les écrivains. On est de plus en plus incités à mesurer tout le temps notre performance, que ce soit dans les évaluations professionnelles, dans les cours de sport, etc. Souvent les gens arrivent le lundi en culpabilisant parce qu’ils n’ont rien fait de “productif” pendant le week-end.
    Alors que c’est normal d’avoir besoin de ne rien faire, de se reposer. On ne peut pas toujours être au max de notre forme et de notre motivation. Comme tu le dis, on peut être plus créatif en étant moins productif, en se laissant le temps de réfléchir, voire de rêvasser.

    Ceci étant dit, il y a bien sûr un juste milieu à trouver pour ne pas se réfugier derrière cette excuse et s’abstenir de tout travail régulier.

    1. Lea Hendersen says:

      (Oui, et ce design n’a RIEN A VOIR avec ton blog !!!)
      C’est vrai que l’idée de surproductivité a envahi énormément de domaines. Et la culpabilité qui va avec aussi. Mais le fait de rêvasser et de prendre le temps, c’est essentiel. Là, par exemple, ça fait genre… deux mois que je suis sans idée (c’est vraiment très désagréable!) Alors que depuis quelques jours je tiens une petite idée, et je l’aurais pas eue si je n’avais pas pris ce temps d’incubation de deux mois. C’est vraiment très mystérieux !!!

  3. J’avoue que j’oscille entre deux pôles à ce sujet…D’un côté je culpabilise sans cesse de ne pas assez écrire, ni assez souvent/vite. De l’autre chaque fois que j’ai cette pointe de culpabilité et que je me dis:”Il faut que j’écrive aujourd’hui!”, j’ai un blocage…Par principe toute phrase qui commence par “il faut” ou “tu devrais” rencontre de la résistance chez moi! 😂😅 Mais bon, j’essaie aussi de relativiser en me disant que l’écriture pure et simple n’est pas tout pour devenir écrivain. Il y a le processus de relecture/correction, dans lequel je suis actuellement et qui prend du temps aussi. Il y a celui de la réflexion, laisser du temps aux nouvelles idées de se former dans notre esprit. Et quoi qu’on en dise, il y a aussi le temps du “marketing”. Se faire connaître via un blog, les réseaux sociaux etc…De nos jours ça prend une grande place aussi…Alors oui je m’auto-flagelle de temps en temps parce que je n’écris pas assez, mais je me raisonne en me disant que je travaille sur d’autres parties de ma vie d’auteur…

    1. Lea Hendersen says:

      Moi aussi j’oscille toujours. Il m’arrive encore de culpabiliser, mais c’est vrai que depuis que j’ai réussi à écrire un manuscrit en entier, j’ai moins cette impression d’urgence, et plutôt l’idée qu’il faut savoir laisser fermenter son idée et sa créativité.
      Et oui, l’écriture dans la vie d’un auteur, c’est pas tout ! Il y a énormément d’à-côté qui sont aussi hyper importants. J’essaie de consacrer du temps à mes recherches, mes corrections, mon “marketing”, etc. C’est vraiment un travail à multiples casquettes!

      1. Oh je comprends totalement ce que tu dis. Depuis que j’ai fini mon premier manuscrit en novembre, j’ai aussi senti que le sentiment d’urgence diminuait…Certes il a été remplacé par l’urgence du :”Bon maintenant qu’il est écrit, dépêche toi de le publier!”, mais bon…😅

  4. Je confirme, j’ai du mal à me détacher de cette image, encore plus quand tu vois les wattpad et autres sites similaires, tu te dis merde…je suis mauvais en fait…sauf que si tu creuses bah les histoires ont rien de vraiment fou, c’est pas super bien écrit, bref au final pas géant…(et pourtant ça marche…)
    Mais arriver à diriger sa petite barque et son histoire même en le sachant c’est compliqué quand même..

    1. Lea Hendersen says:

      C’est vrai que c’est un équilibre à trouver… Je pense qu’on a tous un rythme intérieur, il faut le connaître et apprendre à travailler avec. Je pense que ce genre de travail se fait sur des années.
      Pour Wattpad, je connais pas, j’ai jamais été faire un tour là-bas, mais je crois tout à fait voir ce que tu veux dire !

  5. Merci pour ton article, encore une fois c’est super intéressant. Je crois que la difficulté, c’est d’arriver à différencier les moments où il faut se forcer un peu parce qu’au fond on a juste la flemme, et les moments où on a vraiment besoin de souffler et de faire autre chose. C’est un peu le souci avec NaNoWriMo entre autres, c’est génial parce que ça aide beaucoup à avancer, mais ça peut être franchement contreproductif pour beaucoup de gens qui vont trop culpabiliser, ou s’épuiser, etc…
    L’important je crois, c’est de réussir à trouver son propre rythme, celui où on se pousse un peu, juste assez pour avancer sans se mettre sur les rotules. Et c’est pas facile^^

    1. Lea Hendersen says:

      Tu résumes vraiment bien ma pensée. Flemme = on se les bouge.
      Dépression = on prend du temps pour soi.
      Nanowrimo, j’ai jamais fait. Je sais pas pourquoi, c’est sans doute mon côté ermite. Mais je crois que j’aime pas trop cette effervescence forcée. C’est un peu une illusion d’optique. Mais je sais que beaucoup de gens ne sont pas d’accord avec moi.

  6. Merci pour cet article, trop rare dans le paysage.
    J’ai presque envie de faire le même commentaire qu’à l’article précédent : mon souci principal avec ceux qui écrivent vite et beaucoup, c’est qu’ils publient TOUT. Écrire tous les jours est un conseil qu’on entend souvent, mais dont le sens est mal compris. Il faut le voir comme le fait de prendre une habitude, un rythme, s’entraîner (et donc ça suppose de *beaucoup* écrire dans le vide, en effet !). Faire le NaNoWriMo, ou se lancer dans un Projet Bradbury, pourquoi pas ? Tant qu’on a conscience que l’objectif est d’écrire pour écrire, pas pour alimenter une sorte de lectorat monstrueux à l’appétit insatiable. D’ailleurs le défi Bradbury mis à la mode par Neil Jomunsi a été complètement galvaudé : le défi de Bradbury *n’est pas* de *réussir* à écrire 52 nouvelles par an (une par semaine). Bradbury a dit : “écrivez une nouvelle par semaine pendant un an, et *je vous mets au défi* d’en écrire 52 mauvaises, c’est impossible”. On oublie donc son corollaire : il est aussi impossible d’en écrire 52 bonnes. Ce qui n’empêche pas les auteurs qui se lancent là-dedans de publier fièrement leurs 52 textes.

    Personne n’attend nos textes, personne n’en a besoin. Nous avons tout le temps qu’on veut pour écrire nos histoires, jeter les mauvaises et peaufiner les bonnes. Nos idées n’ont pas de date de péremption (et en général, comme un ragoût, elles sont meilleures si elles mijotent longtemps). Les auteurs devraient cesser de se mettre une pression qui n’existe que dans leur tête.

    1. Lea Hendersen says:

      Merci pour ton commentaire.
      C’est une réalité un peu dure d’accepter que personne n’attend nos textes. En vrai, tout le monde s’en fout. Les enjeux ne sont pas élevés pour nous, les écrivains. Mais quand on accepte que ce qu’on écrit n’est pas voué à changer le monde, je trouve aussi qu’on s’enlève un poids énorme des épaules. On n’écrit plus avec cette pression de réussir, simplement… d’écrire. Je sais que j’ai longtemps cru (ma naïveté est effarante) que j’allais changer l’humanité avec ce que j’écrivais, alors que non. A la limite, ce qui m’importe, c’est d’émouvoir et de faire rire avec mes textes. Ecrire ou même rater un manuscrit entier, c’est beaucoup plus agréable depuis que j’ai compris ça.

  7. Je me retrouve beaucoup dans tes mots, d’autant plus que je suis un auteur qui aime prendre son temps, alors je suis toujours paniquée de constater que certains arrivent à écrire des centaines de mots à la minute. Cependant, pour avancer je sais que j’ai besoin de me fixer des objectifs. Du coup, chaque matin, j’ai un créneau dédié à l’écriture sans pour autant me forcer à atteindre un nombre de mots. Pour moi, ce qui est important ce n’est pas la productivité mais la régularité, j’ai besoin d’écrire quotidiennement après le nombre de mots… tout dépend du moment, de la créativité, de la fatigue… !

    1. Lea Hendersen says:

      Je trouve cette idée vraiment chouette. En général, j’ai un nombre de mots défini que j’essaie d’écrire et ça ne marche pas beaucoup… Là, ce que j’aimerais, c’est me créer cette habitude. Murakami disait qu’il s’asseyait devant son bureau, quatre heures par jour, pour écrire… ou pas. Il s’asseyait et si l’écriture ne venait pas, il restait quand même assis pour habituer son corps et sa tête à savoir que c’était à cette heure-ci, tous les jours, qu’il devait se consacrer à son projet. A mon goût, c’est plus une question de prendre une habitude que de se challenger avec des objectifs de production plus angoissants qu’autre chose.

  8. Je pense qu’il est indispensable de maintenir un rapport sain à l’écriture, si on le ressent comme une obligation ça devient vite anxiogène, j’essaie vraiment de ne pas culpabiliser lorsque j’ai des périodes plus laborieuses mais c’est difficile, surtout que c’est mon seul travail ^^. Si j’arrive à m’astreindre durant un certain temps sans trop de peine à écrire tous les jours, je finis toujours par avoir besoin de pauses plus ou moins longues, par contre, impossible d’écrire des pages et des pages, je mets au moins deux heures pour 600 mots et ça me coûte une énergie folle ^^. En tout cas ça fait du bien de lire des articles comme ça, qui relativisent cette course à la production 🙂

    1. Lea Hendersen says:

      Merci ! C’est exactement le genre de chose que jessaie d’éviter, l’anxiété. Je l’ai connue et c’est contre-productive au possible. Il faut aussi se faire confiance. Savoir qu’on a des périodes plus prolifiques que d’autre !
      Tu es écrivain à temps plein… La chance !

  9. Je culpabilisais quand j’écrivais alors que des tâches m’attendaient.
    Je culpabilisais quand je n’écrivais pas.
    Puis j’ai dit Stop. J’écris quand j’écris, point (enfin, si les deux monstrosaures qui me servent d’enfants m’en laissent l’occasion). Et les périodes de creux n’en sont pas réellement : je réfléchis toujours au récit en cours, ou au prochain. Un roman, ça ne s’écrit pas, seulement, ça mûrit aussi, d’abord.

    1. Lea Hendersen says:

      C’est vrai qu’il existe une période d’incubation pour les idées qui est trèèès importante. Parfois très lente. C’est marrant comme certaines idées jaillissent avec une forme d’urgence. Tandis que d’autres prennent énormément de temps pour arriver à maturation.

  10. […] En ces périodes troubles de fin de Nanowrimo, je reviens vers vous avec un article qui va à l’encontre de toute cette dynamique de productivité. […]

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