Tambouille pour écrivain

Ecriture : comment créer un bon méchant?

You will be exterminated, motherfucker.

Si tu te réveilles la nuit, après un cauchemar où Ramsay Bolton te poursuivait dans les bois avec ses chiens, ou que tu étais dans un cimetière pendant que Voldemort te menaçait avec sa baguette, c’est parce que les auteurs de Game of Thrones et Harry Potter ont réussi à produire des supers-vilains et qui font super peur.

Les vilains dans les romans et dans les fictions sont des icônes. Ils font peur, ils fascinent et en tant qu’écrivain, il ne faut jamais traiter son méchant comme un personnage secondaire au profil des autres protagonistes.

Toutes les histoires n’ont pas besoin d’un méchant. Mais si votre livre en a un, voici quelques petites suggestions pour écrire un vilain qui te fera frissonner.

Il a une histoire

Ton protagoniste, il a forcément parcouru un chemin. Des expériences, bonnes ou mauvaises qui ont fait de lui ce qu’il est aujourd’hui. Il a forcément une famille, des gens qu’il a aimés et d’autres qui l’ont déçu.
N’importe quel antagoniste est juste un Monsieur Dupont à qui il est arrivé des choses traumatisantes et qui agit en conséquence.
En réalité, les méchants qui sont méchants pour le plaisir ne convainquent personne et n’obtiendront aucune empathie de la part des lecteurs.

Les histoires les plus intéressantes sont celles où l’antagoniste nous met face à nos propres choix et à nos propres contradictions. Il faut que votre lecteur se demande, aux vues des expériences traumatisantes de votre antagoniste : qu’est-ce que moi j’aurais fait à sa place?

Exemple : Voldemort n’est pas juste un méchant avec un serpent et une baguette magique. On sait qu’il a grandi seul dans un orphelinat et qu’il n’a jamais reçu d’amour, ce qui l’a rendu froid et a complètement pété sa relation à autrui.

Exemple: Ramsay Bolton (c’est mon chouchou absolu dans Game of Thrones) est l’enfant d’un viol, élevé à la dure. Son père l’a toujours considéré comme un bâtard, un fils de seconde zone. En grandissant, il est prêt à aller très loin pour recevoir le titre et l’affection que, selon lui, il mérite amplement.

Il est super motivé

Ton méchant, il est pas méchant parce qu’il aime ça. Il doit avoir ses raisons. Une motivation assez enivrante pour qu’elle puisse amener l’histoire à se construire de manière cohérente.
Et où on la trouve, cette movation?
Dans sa biographie !
Le méchant, l’antagoniste est le héros de sa propre histoire. C’est lui qui se sacrifie qui cherche le bonheur, pour lui et pour les autres. Mais à sa manière, et en faisant des choses horribles, évidemment.

C’est un aspect que j’aime particulièrement. Donner une motivation à mon antagoniste qui puisse brouiller les frontières entre “le bien et le mal”. Cette motivation est clé pour valider les actions de votre antagoniste, sans cela, votre méchant fait le con sans aucune raison. Et ça, c’est trop léger pour construire une intrigue. Et en plus, ça a aucun sens.

Exemple : un autre exemple que j’adore, Doctor Who. Si on prend les Cyberman par exemple, qui veulent convertir tous les êtres humains en robot. Ils font pas ça pour être méchants, mais parce qu’ils pensent très sincèrement qu’en faisant ça, ils amélioreront la race humain. En fait, ils sont presque humanistes.

Le miroir du protagoniste

Ne partons pas dans le délire du jumeau démoniaque. Mais oui, tel Harry Potter et Voldemort, tel le Docteur et Davros, votre personnage principal et votre antagoniste sont le miroir de l’autre.

Leurs objectifs doivent être divergents, leur façon de voir le monde aussi. Leurs valeurs peuvent se rejoindre, mais leur façon de les appliquer dans leur quotidien peuvent être radicalement différente.

Pour aller plus loin, on peut dire que la différence entre eux tient à très peu.

Par exemple, entre Harry et Voldemort, la différence s’est jouée à rien. Ils sont tous les deux orphelins, élevés sans amour dans un univers qui n’était pas le leur. Harry aurait très bien pu devenir un mage noir hyper ronchon.

Mais c’est justement cette différence dans la perception du monde entre eux qui a fait qu’Harry n’est pas devenu un gros con.

Ton méchant, c’est pas un crétin

C’est tentant, hein?
Fabriquer un méchant un peu débile, lui donner une armée de bras cassé, et lui offrir une défaite cuisante pendant que votre protagoniste récolte toutes les gloires.
Essaie, tu verras.

Ton histoire sera la plus chiante du monde.

L’intérêt d’avoir un méchant, un véritable obstacle, c’est qu’il soit aussi intelligent, sinon plus que ton protagoniste. Comme dans les polars où le serial killer a toujours une longueur d’avance sur les policiers.
Si ton méchant fait peur à ton protagoniste, c’est que ce n’est pas un abruti : il sait ce qu’il fait, et pourquoi, et mieux encore, il a une bonne connaissance de la nature humaine. Ce qui fait qu’il est capable de manipuler.

Et de l’amour, beaucoup d’amour

C’est une règle d’or : tu dois aimer tes personnages. Que ce soit des gros pourris, ou des petits bonhommes trop mignons, tu dois les aimer si tu veux les comprendre.
Et avoue-le, les grands méchants des livres ou des séries, ils nous fascinent, justement parce qu’ils font appel à cette part plus sombre de nous-mêmes.

Ton objectif, c’est d’arriver à aimer les scènes où il est là, aimer parler de lui et t’amuser avec. Il est tout aussi important que ton personnage principal, et c’est pour cela qu’il mérite tout autant de soin et d’attention.

Quelque chose de fondamental pour moi, c’est ça : c’est que ton méchant tu l’aimes justement parce qu’il représente une part sombre de toi. Les choses que tu serais capable de faire si tu étais poussé à bout. Le manichéisme, à mon sens, n’a pas sa place dans la fiction dont le rôle est de brouiller les frontières et de briser les codes.

Et toi, tu les aimes comment, tes méchants?

 

(1) Comment

  1. […] antagoniste ne ferait même pas peur à un chaton. Ton personnage principal est un caillou contemplatif. Il ne […]

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