Tambouille pour écrivain

Conseils d’écriture : le langage corporel

Je ne vais pas vous faire l’affront de vous ressortir qu’on en dit plus en disant rien, et blablabla, mais c’est vrai. Surtout en littérature : les personnages expriment souvent davantage leurs émotions et leurs perceptions du monde à travers ce qu’ils ne disent pas.

D’où l’importance de bien maîtriser le langage corporel dans l’écriture. Savoir décrire physiquement  une émotion densifie le texte. Cela transmet le ressenti au lecteur qui comprend immédiatement ce qu’éprouve votre personnage.

Ce n’est pas le tout de dire “Jean-Michel était content.” Faire ça, c’est presque prendre tes lecteurs pour des cons. Tu pars du principe qu’ils ne sont pas capables de comprendre que Jean-Michel était content en l’exprimant autrement. Et c’est aussi un signe dépréciant de ta part envers ta création : tu laisses ainsi entendre que tu n’es pas capable de rendre une émotion sur le papier.

Exemple :

Jean-Michel était content…
peut devenir :
Jean-Michel eut un sourire en coin et fit quelques pas de danse dans le salon.

Tu as vu comme c’est facile? En quelques mots, en une seule phrase, on enrichit sa phrase en leur donnant un rendu physique, corporel plutôt que de balancer abruptement des gros mots comme “content”, “en colère”, “peur”, etc.

Il existe toutefois quelques règles. Des règles que je m’applique à moi-même. Je suis pas certaine qu’elles vous parlent, mais pour moi, c’était des essentiels.

Pas de comparaisons douteuses

Ici, je te parle d’éviter ce qu’en anglais, on appelle le purple prose. A savoir “un texte si extravagant, fleuri ou trop plein de fioritures que cela brise le débit” (vu sur Wikipedia, et traduit par moi-même, donc pardonnez si ce n’est pas parfait.)

Partager les émotions physiques du personnage, c’est très bien, mais il est inutile d’en faire des tonnes avec de la fausse poésie, des métaphores ou des comparaisons qui font taches. En gros, on évite le purple prose.

Exemple :
Mildred était si triste qu’un myriade de perles nacrées coulaient sur son visage, cascadant sur ses joues dans une marée de tristesse.

L’exemple est un peu cucul, mais tu vois où je veux en venir. Evidemment, de belles figures de style, des comparaisons intelligentes, tout cela a parfaitement sa place dans un récit. Mais cela doit être apporté avec finesse, et surtout être bien dosé à travers le récit.

Ça ne prend pas trois paragraphes

Ce point rejoint un peu mon point précédent. Non seulement, on évite de se la raconter en se prenant pour un poète, mais on évite aussi de traîner cela sur trois paragraphes.

Personnellement, quand je me mets à décrire quelque chose, une émotion physique principalement, j’ai souvent plusieurs idées qui me viennent à l’esprit en même temps. Je les écris, et en relisant, je me rends compte que c’est trop. C’est juste trop. Il faut savoir être sans pitié avec les longueurs et les balancer aux chiottes.

Une émotion traduite physiquement ne devrait pas prendre plus d’une ou deux phrases. MAXIMUM.

On cherche et on visualise

Parfois on sait pas de quoi on parle. Si ton personnage se prend des coups de poignards dans le ventre, je te souhaite fortement de ne pas l’avoir vécu avant. Pourtant, il faut réussir à trouver les bons mots pour le décrire. Donc il faut imaginer physiquement ce que ça fait.

Ou faire des recherches.

Oui, je sais, cela donnera à ton historique de recherche internet des airs de serial killer qui s’ignore. Mais tant pis.

Parfois, on sait tous de quoi on parle. Si ton personnage principal vient de se faire larguer, il y a fort à parier que tu saches ce que ça fait, physiquement, que d’être abandonné par la personne que tu aimes. Dans ces moments-là, il faut essayer d’écouter son corps, voire de repenser à ton/ta connard.sse d’ex qui t’a laissé.e sur le bord de la route pour le retranscrire sur le papier.

Et n’oublie pas quelque chose d’important : tes personnages n’ont pas les mêmes réactions émotionnelles ou physiques face aux mêmes situations. Pourquoi? Parce qu’ils sont différents. Adapte ton discours en fonction de qui tu parles.

De l’introspection

Savoir exprimer les émotions du corps dans un livre, ça s’apprend, et ça se travaille. Mais il est aussi très important de connaître la psyché de son personnage. Comment il pense et pourquoi il pense comme il pense.

Ce n’est pas toujours suffisant de parler des réactions physiques, mais il faut aussi savoir décortiquer la façon de réfléchir. C’est aussi un moyen de créer du lien entre les lecteurs et tes personnages.

 

Voilà, je ne sais pas quoi dire de plus pour conclure.
Donc vous pouvez laisser un commentaire si vous voulez. Vous pouvez écrire une blague, dire bonjour, ou me parler de comment s’est passée votre journée.

 

Crédit Photo : Comfreak, Pixabay.

 

 

(5) Comments

  1. Salut Lea, sympa cet article sur le non-dit. Effectivement, même dans la réalité la plus grande part de la communication se fait de façon non verbale, donc tes conseils prennent tout de suite sens. Cela permet d’amener aussi plus de subtilité et de maturité au récit. Bien vu !
    PS : Je me suis abonnée à ton blog. A la prochaine donc ! 😉

    1. Lea Hendersen says:

      Merci beaucoup pour ton retour ! En écrivant l’article, j’avais l’impression de mettre un coup d’épée dans l’eau, donc ça me fait bien plaisir !!! 🙂

      1. Avec plaisir. J’espère avoir dissipé cette impression alors 😉

  2. merci pour l’article, est-ce que tu connaitrais un site avec une sorte de lexique de ce language corporel? Parce que je dois avouer que j’ai quand même du mal a trouver parfois des expressions pour incarner les émotions.

    1. Lea Hendersen says:

      Alors, moi non, je n’en connais pas, mais je sais qu’il existe un livre (uniquement publié en anglais, malheureusement) qui se présente comme un thésaurus du langage corporel. Sinon, je pense qu’un bouquin de développement personnel de type “Ce que votre corps vous dit” pourrait faire l’affaire. Sinon, il faut simplement essayer de s’écouter et d’imaginer comment réagirait un corps dans certaines situations. Fais-toi confiance ! 🙂

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