Tambouille pour écrivain

Ecriture : mes 5 essentiels pour de bons dialogues

Ecrire des dialogues, c’est qu’est-ce que je préfère.

Dans la vraie vie, je manque parfois de répartie parce que je suis timide, mais mes personnages, jamais !

Je marche souvent à l’instinct pour écrire mes dialogues, mais quand on veut se lancer en tant que professionnel de l’écriture, il est important d’affiner ses connaissances. Même quand on se croit trop fort.

Alors j’ai fait une petite liste de mes essentiels absolus et incontournables dans l’écriture des dialogues

A chaque personnage sa voix

Vous l’avez sans doute remarqué, mais vous ne parlez pas comme tout le monde. Votre mère, votre patron ou votre prof de physique-chimie ne s’exprime pas comme vous.

Quand vous écrivez pour vos personnages, c’est la même. Vous devriez être capable de différencier qui parle à qui simplement en lisant vos répliques. Certains ne supporteront pas les fautes de français, d’autres vont ponctuer toutes leurs phrases par “merde” et certains parlent tout bas parce qu’ils sont timides. Ou enroués.

Par exemple : Wilfriend a reçu une éducation très stricte par des parents qui lui répétaient constamment de se taire. Une fois arrivé à l’âge adulte, il ne parle pas très fort, et a toujours peur de déranger. Ses phrases aussi courtes que possible avec des mots bien choisis en amont.

En gros, les voix de vos personnages doivent aussi refléter leur personnalités et leur vision du monde. Pour cela, il faut que vous connaissiez vos connaissiez vos personnages par cœur, comme s’ils étaient à côté de vous, en train de vous taper la causette. Que vous connaissiez son âge, la temporalité de votre récit et son statut social.

Point bonus : tu parles à qui?

Evidemment, la voix de votre personnage n’est pas la même s’il s’adresse à son frangin, ou à son collègue de travail.

Non au dialogue inutile

Chaque ligne de dialogue doit avoir son importance.

Je m’explique : dans la vraie vie, vous croisez votre vieille voisine qui vous tient la jambe vingt minutes sur la pluie et le beau temps. Dans votre livre, par contre, c’est non.

Le dialogue doit soit apporter des points importants pour faire avancer l’intrigue, une sous-intrigue, ou alors développer des personnages. Inutile de les faire radoter pendant trois plombes pour ne rien dire, il faut que votre dialogue ait un objectif, des informations importantes à révéler.

Si vous vous demandez si votre dialogue est vraiment utile, posez-vous cette question : mon livre fonctionnerait-il toujours si j’enlevais cette conversation?

Si la réponse est oui, alors ce dialogue doit quitter les lieux sur le champ!

Point bonus : les longues conversations

Arrivé à un point crucial de votre intrigue, il peut arriver que deux ou plusieurs personnages ait moult moult choses à dire, des révélations capitales qui font avancer le récit.

Mon conseil : faîtes une liste de ce que vos personnages doivent dire, et l’ordre dans lequel ces révélations apparaissent ! Cela va faciliter à la fois la rédaction, mais aussi fluidifier la lecture.

Des pauses et des silences

Le silence, dans un dialogue peut jouer un rôle crucial. Il peut en dire très long, beaucoup plus long que des mots.

Si votre personnage annonce à son père qu’il a éclaté sa voiture sur la route, le père ne va pas tout de suite éclater de colère et hurler. D’abord, il lui faudra digérer l’information (et ensuite, péter un boulon.)

Le silence peut montrer la puissance d’une révélation ou d’une émotion. Il peut aussi donner quelques secondes à un personnage pour réagir.

Ce n’est pas un match de ping-pong, parfois, il faut des pauses.
Ces pauses permettent aussi de casser un peu le dialogue si celui-ci se fait trop long.

Vos personnages papotent en terrasse, l’un d’eux pourrait s’allumer une cigarette ou se servir du café. Ces pauses, ces silences et ces actions viennent autant nourrir le dialogue que le dialogue lui-même, et ils ajoutent de la densité au texte.

Le langage corporel

Je ne vous apprends rien en vous disant que les mots ne font pas toute la force d’une conversation. Sauf si on discute par messagerie interposée (ce que vos personnages sont tout à fait en mesure de faire), les personnages provoquent des émotions en discutant.

Et des réactions physiques.

Parce que votre personnage est comme vous et moi : parfois il ne dit pas ce qu’il pense, et c’est son corps qui prend le relai et le dit à sa place.

Votre amoureux vient vous parler et vous vous sentez soudain particulièrement transpirant.
Votre mère vous engueule et vous serrez les poings sous l’effet de la colère.
Vous vous faîtes draguer par un gros lourd dans un bar et vous n’arrêtez pas de soupirer.

Intégrer ces réactions physiques de vos personnages va permettre au lecteur de deviner ou de comprendre ce qu’ils ressentent, et de le ressentir avec eux. En anglais, on appelle ça le show don’t tell, en gros : montrez au lecteur ce qu’il ressent au lieu de l’écrire de but en blanc.

Les verbes de parole

ALORS, TOUCHONS UN SUJET ÉPINEUX.

Quand j’étais en cinquième, mon prof de français m’a sorti une liste longue comme le bras de liste de verbes de parole. Il s’évertuait à nous répéter : “arrêter d’employer le verbe dire!!”

Oui mais dans la réalité, c’est plus compliqué.

Quand j’ai commencé à écrire mes propres livres, j’étais choquée devant le peu de verbes de parole que je connaissais jusqu’au jour où j’ai réalisé que c’était parce qu’en vrai, les bons auteurs n’avaient pas besoin de ces fameux verbes pour écrire un bon dialogue.

Pourquoi?

Parce qu’avec des voix distinctes, parce qu’avec un langage corporel et quelques verbes bien sentis, on a un dialogue qui tient largement la route.

Employer ces verbes est loin d’être interdit, mais pour moi, en abuser ne prouve qu’une seule chose : que votre texte n’est pas assez solide sans eux .

Par exemple, si votre personnage est en colère, vous ne devriez pas être obligé de préciser à chaque phrase qu’il hurle ou qu’il tempête. Le lecteur le sait.

 

Rédiger des dialogues peut être une vraie putain de partie de plaisir si vous connaissez bien vos personnages et que vous les aimez assez pour leur donner une voix vibrante et des caractères acerbes. Parfois, il faut simplement se laisser aller et écrire… comme on parle.
Et autre point bonus : Relisez vos dialogues à voix haute! Mieux encore, faîtes-les relire par quelqu’un d’autre devant vous!

 

Et vous, comment faîtes-vous parler vos petits personnages?

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