Tambouille pour écrivain

Trouver un titre pour son roman

Quand j’ai rédigé mon roman, je n’avais aucune idée de comment j’allais l’appeler. Vraiment, quand j’écris, trouver un titre est la dernière de mes priorités. Parfois, les écrivains ont naturellement un titre qui leur vient en tête et qui s’imbrique très organiquement à leur histoire. Pour le coup, ça n’a jamais été mon cas.

Trouver un titre, pour moi, c’était un vrai putain de casse-tête. Un titre, c’est très important. C’est supposé suggérer beaucoup, mais en dire peu. C’est aussi supposé dire la vérité. Appeler ton livre : Ghislaine aime le parfum des roses pour parler d’un roman sur la carrière Steven Seagal, c’est clairement un mensonge.

J’ai aussi un problème avec les titres qui se prennent trop au sérieux, qui se veulent trop poétiques, presque tordus. Le pire étant pour moi les titres à rallonge. Si certains sont bien trouvés et donnent clairement le ton du roman, cela me paraît parfois un peu lourdingue. (Pardon à tous ceux et celles qui ont des titres de roman à rallonge, ce n’est que mon avis, et j’ai probablement tort parce que j’ai lu dans une étude très sérieuse (sur un commentaire Twitter) que les titres à rallonge se vendaient presque mieux que les titres plus courts.)

Bref, trève de racontage.

Trouver un titre quand il ne vient pas instinctivement, c’était compliqué, mais j’ai essayé plusieurs techniques.

Trouver des mots clés

Pour commencer, j’ai rassemblé tous les mots importants qui se rapportaient à mon roman. Là, je me suis retrouvée avec une flambée de mots clés qui ne donnaient rien d’intéressant :

  • dépression
  • philosophie
  • vieille dame
  • isolement
  • amour
  • famille
  • etc.

Bref, cette technique ne m’a pas donné de titre tout prêt, mais elle a eu le mérite de me faire réfléchir sur les sujets qui revenaient dans mon roman et surtout sur ceux qu’il m’importait de mettre en avant. J’imagine que parfois, ce genre de liste peut donner des combinaisons intéressantes, ou tout simplement faire ressortir un mot. Un seul. Et qui rassemble tout ce qu’on a envie de dire pour baptiser son bébé (spéciale dédicace à toi, Stéphane.)

Trouver des thèmes

Tous les livres ont des thèmes, qu’on les choisisse avant de commencer à écrire ou qu’on les voie émerger au fil de la rédaction. Ces thèmes peuvent être reflétés dans les titres. Bien sûr, il ne s’agit pas, si vous écrivez un livre autour du thème de l’enfance d’appeler votre ouvrage “L’Enfance” (même si en vrai, c’est peut-être pas si mal!)

Mais ces thèmes peuvent être intéressants s’ils sont bien exploités. Le titre du roman de Samantha Bailly Indéterminés joue bien sur cette idée : celle de dépeindre une génération indéterminée, qui oscille entre l’envie d’être libre et celle de s’accomplir professionnellement.

Partir d’un symbole

Le portrait de Dorian Gray, ce portrait qui symbolisait l’avilissement d’un homme magnifique mais terriblement mauvais. Les Brumes de Riverton de Kate Morton qui dépeignent à la fois le mauvais temps anglais, mais aussi l’épaisseurs des secrets qui hantent une fratrie.

Tous ces exemples partent de symbole. D’un élément dans le roman qui prend de la place non pas pour ce qu’il fait, mais pour ce qu’il représente. Il plonge dans une ambiance, et dessine un mystère autour du roman, laisse présager quelque chose d’intriguant. Essayer de trouver quels sont les symboles récurrents peut donner de très beaux titres. Par exemple, j’ai rédigé une histoire il y a quelques années que j’avais appelé La disparition des oiseaux et qui traitait de disparition d’enfants. J’aimerais l’idée de comparer des enfants à des oiseaux, l’enfance étant elle-même fugace, source de fantasme, de rêverie, exactement comme un oiseau !

Un lieu/un personnage

Rebecca, les Hauts de Hurle-Vent, Harry Potter… Parfois, il suffit d’un simple mot pour en dire beaucoup.

Un lieu peut être un personnage à part entière, avoir sa propre personnalité, influencer un roman entier. Personnellement, c’est une technique que j’aime bien, que je trouve puissante. Particulièrement dans le cas de Rebecca, cette femme fantôme qui hante la vie de ceux qui ont vécu à ses côtés.

Une citation

J’ai récemment lu le livre de Vincent Tassy Comment le dire à la nuit (qui m’a juste rendue DINGO tellement il était bien !!! J’aimerais bien lire Apostasie, vous l’avez lu? C’était bien?) Le titre est sombre et poétique et donne très bien le ton du livre. Mais c’est aussi une citation magnifique tiré des premières pages du roman.

Et c’est d’ailleurs une des techniques que j’ai utilisées pour connaître le titre de mon roman. J’ai relu quelques pages, les passages qui, je trouvais, étaient les plus saisissants, et j’ai trouvé cette idée que ma narratrice évoque un moment : elle pense que sa tristesse a des formes, des couleurs, des odeurs…

Alors j’ai appelé mon livre : Les contours de la mélancolie.

TADAAAAM.

(oui, vous m’avez percée à jour, tout cet article n’était qu’une astucieuse excuse pour vous donner le titre de mon roman)

Voilà, vous savez tout. Ca y est. J’ai hésité avec “La forme de la mélancolie”, mais le doublement du “la” me gênait, ainsi que l’idée du double sens de “forme” (forme physique de type “J’ai la forme!” ou la forme de type : “Quelle est la forme de ton salon?”) Alors j’ai opté pour des contours. Encore une fois, ça n’était pas instinctif, mais presque. Il a fallu creuser et réfléchir, mais en alignant mes options, j’ai fini par trouver un titre qui me plaisait et qui sonnait juste.

Et surtout, petit conseil bonus : ne prenez pas un titre qui existe déjà ou qui se rapproche trop d’un titre inexistant. Faîtes quelque chose d’unique, soyez vous-même, sortez du lot, faîtes briller votre lumière ! (et surtout, si vous le faîtes pas, votre bouquin apparaîtra en quatrième page des recherches Google, et c’est mauvais pour votre business.)

Voilà, des bisous câlins.

(21) Comments

  1. C’est vraiment intéressant ces conseils !
    C’est rigolo, personnellement, quand j’écris, le titre me vient en même temps que tout le reste. S’il ne vient pas de suite, l’idée reste une chose sans nom qui ne m’attire plus au bout d’un moment (et dans ces cas, je sais que si l’idée est vraiment bonne, son heure viendra, et que le fait de ne pas avoir trouvé son titre est un indicateur parmi d’autres qu’il est encore trop tôt pour travailler dessus, ou qu’elle ne vaut pas vraiment la peine, du moins pas encore)
    Pfouah, je laisse un commentaire pour dire “haha moi j’ai jamais eu de souci pour trouver un titre-han”, mais c’est la vérité. C’est presque parfois un peu frustrant cette facilité que j’ai de trouver des titres qui claquent, et que le reste ne suive pas toujours, ou n’en soit pas un peu à la hauteur. 😀

    1. Lea Hendersen says:

      Nan mais s’il y a au moins UNE chose qui soit facile et instinctive dans ton processus d’écriture, il faut CLAIREMENT s’en rejouir et se la péter grave !

    2. C’est intéressant, comme si la capacité de le nommer ou non était relié à sa viabilité!

      1. Lea Hendersen says:

        C’est vrai que c’est assez fascinant… L’idée de devoir condenser son histoire en un seul ou quelques mots pour savoir comment la baptiser et lui donner son existence propre.

    3. Aaaah les titres qui claquent, et……. c’est tout, parce que le reste paraît fade en comparaison ou juste parce qu’on est trop flemmard pour mener le projet à terme x’D
      Je compatis x)

  2. Je n’ai jamais considéré que j’étais bonne pour mes titres. Mon gros projet à l’origine avait le mot “Chroniques” (oui je sais… c’est pourquoi j’ai voulu changé). Puis le mot “Dissidence” a popé dans ma tête et définitivement, il allait comme un gant. Je joue avec, j’ai des listes de musique dissidentes, un groupe dissident, une infolettre dissidente… Ce qui n’était qu’un “working title” devient ma marque de commerce. Si je trouve un éditeur, il devra obligatoirement garder ce mot!! XD
    Pour les titres des tomes, je joue avec le thème poétique de la mer. Je les ai changés quelques fois, mais là ils sont plutôt fixes. (Le Déferlement, Contremarée, La Laisse de mer, etc.).
    Une difficulté des titres vient aussi que si un éditeur nous publie, notre titre si minutieusement choisi risque de changer. À l’opposé, pour l’auto-édition, le travail de bien choisir comporte plus de risque! Il faut faire des tests, proposer aux lecteurs, faire des sondages, etc.

    1. Lea Hendersen says:

      Je trouve que les working title sont très intéressants. Souvent, ils sont un très beau terreau pour le vrai titre à venir. Quant à l’idée d’un titre qui pope dans la tête, j’aime beaucoup. Comme si le texte te disait lui-même comment il s’appelle (oui, ok, je pars dans le mysticisme …! ^^)
      Comme je pense passer par une maison d’édition, c’est vrai que je ne me suis pas mise une pression de fou pour trouver mon titre. Un éditeur (je touche du bois!) finira bien par le valider ou m’aider à en trouver un autre. Et je suis tout à fait d’accord avec les tests auprès du lectorat pour les auto-édités. Quand on est auto édité, je pense, on est obligé de collaborer avec son lectorat pour évoluer.

  3. Déjà, félicitations pour ton titre, il est vraiment chouette ! Effectivement, je préfère “contours” que “forme”, c’est plus évocateur.
    Et ensuite merci pour cette article, contrairement à Alice, je suis vraiment une quiche pour trouver des titres, et il va falloir que je le fasse bientôt… Pour l’instant, je repousse l’échéance (il faut que je finisse mes corrections post bêta-lecture d’abord), mais il va bien falloir que je m’y colle si je veux chercher une maison d’édition un jour^^

    1. Lea Hendersen says:

      Ahahah ! Je suis sûre que tu es pas une quiche. A un moment j’étais tellement désespérée de pas trouver que j’étais prête à faire un sondage Twitter pour demander l’avis des gens. Et en soi, c’est pas une si mauvaise idée, je crois. Donc, je comprends, je te souhaite du courage et je doute pas une seconde que tu vas y arriver (de toute façon, tu as pas le choix!)

  4. Héhé c’est marrant je suis passée par des étapes similaires pour trouver le titre de mon roman. Enfin le deuxième, parce que celui que j’ai eu durant plus d’un an (La petite fille du lac) existait déjà! 😱😭 J’étais dégoûtée en apprenant ça, car je m’étais habituée à appeler mon roman comme cela et il sonnait parfaitement juste…Mais bon, comme tu dis, je n’allais pas garder un titre qui existe déjà 🙁 Du coup je me suis creusé la cervelle pendant des mois pour en trouver un autre. J’ai fini par opter pour L’oubliée du lac…Je le trouve un peu moins évocateur, mais il rajoute une part de mystère et de questionnement, donc ça compense 😂

    1. Lea Hendersen says:

      Si ça peut te rassurer, je trouve que L’Oubliée du Lac est très joli et vraiment original !

      1. Merci 😊

    2. Je m’incruste… Je préfère L’oubliée du lac. ^_^

      1. Ahahaaa, bon ben le hasard fait bien les choses alors! 😄 Merci 😊

  5. J’aime bien ton titre ! (Et bien vu, la technique pour nous l’annoncer 😉)
    Dans mon cas, j’avais depuis longtemps un titre qui me plaisait, et paf, récemment est sorti un livre d’une autrice très connue avec un titre presque identique…! Pas de bol, mais bon, comme on dit, c’est le jeu ma pauvre Lucette !

    1. Lea Hendersen says:

      Oh NON ! Alors ça c’est nul. Je suis désolée pour toi :'(

  6. Toutes ces techniques fonctionnent bien, parfois ça dépend de l’auteur, parfois ça dépend du projet ^^
    Je fais aussi partie de ceux qui trouvent leur titre pratiquement en premier ou au moins en même temps que l’idée et les personnages. Ça vient par pack x)
    Je trouve que “Les contours de la mélancolie” est un très bon titre. 🙂

    1. Lea Hendersen says:

      En effet, ça dépend du projet. Là, je travaille sur un mini manuscrit et le titre m’est venu tout de suite. Comme quoi, il y a vraiment pas de science exacte !

  7. Très joli, le titre que tu as choisi. 🙂

    Pour ma part, mes titres trouvent toujours sens dans le roman, soit dans la narration, soit dans un dialogue.
    Pour certains, ce fut facile, mais depuis quelques romans, je galère et ça me demande pas mal de réflexion.

    1. Lea Hendersen says:

      Est-ce que tu demandes l’avis à tes bêtas lecteurs? Je trouve que ça peut aider et ça permet, toute mesure gardée, de faire sa petite “étude de marché” sur les titres qui plaisent et qui parlent aux lecteurs.

      1. Ce sont eux qui m’en parlent ensuite, et me disent en général que le titre est parfait pour le roman (toute modestie mise à part).

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