Tambouille pour écrivain

Est-ce qu’écrire ça devient plus facile?

Après des années d’écriture, on est en droit de se demander si l’écriture devient plus facile.

Je m’explique.

Ecrire un livre est déjà une sacrée épreuve. Cela implique rigueur, force de caractère, détermination. Il ne s’agit pas simplement de se laisser porter par la passion, par l’inspiration, et ensuite de se délecter de son propre succès. C’est un vrai travail sur lequel on s’acharne. Mais pas seulement.

C’est aussi de la recherche, de la maîtrise d’un art, de la structure d’une histoire. Savoir comment créer des personnages, les faire évoluer entre eux. Et par-dessous tout, c’est aussi une grande leçon d’humilité quand ton livre devient réel et que d’autres gens que toi (l’horreur) y ont accès.

Une question qui me taraude en ce moment : est-ce que l’écriture devient plus facile?

Comme beaucoup de ceux qui écrivent, j’ai commencé l’écriture alors que je n’étais qu’un petit bout de patate. J’ai toujours eu envie d’écrire, j’ai toujours eu des histoires à raconter. Il y a toujours eu chez moi ces explosions d’énergie, cette envie irrépressible d’écrire. Et on pourrait croire qu’après un nombre incalculable d’histoires, je pourrais venir vous dire : oui, l’écriture, après un moment, ça devient tout facile. Tout fluide. Les doigts dans le nez, ma gueule.

C’est dans la tête

Non, on va revenir à la réalité. Je sais que je dépeins tout le temps quelque chose de sombre quand je parle d’écrire : oui, c’est dur, c’est affreusement long, c’est décourageant tout le temps, mais la véritable difficulté dans l’écriture, pour moi, ça reste l’anxiété. Parce que les mots qu’on pose pour le papier, on peut les changer s’ils ne sont pas bons. Les personnages qu’on crée peuvent toujours être remplacés ou évoluer. Ce qui bloque, c’est soi-même.

C’est la peur de l’échec, c’est l’impression d’être un mauvais écrivain. C’est le manque de motivation.

Et ça, je sais pas comment ça marche pour vous, mais pour moi, ça vient par vagues. A certaine période, quand j’écris, je me prends pour J.K. Rowling. J’écris le futur best seller, le livre que l’humanité entière attendait.
Et à d’autres périodes, quand j’écris, j’ai l’impression d’être une poule sans tête à qui on a donné un ordinateur et qui appuie sur des touches au hasard en espérant que ça marche.
Donc bon, c’est aléatoire.

Pour que l’écriture devienne plus facile, en tout cas dans mon cas, il a fallu et il faut toujours, que je gère mon anxiété. La voix dans la tête qui veut pas la fermer et qui a rarement des choses sympas à dire.

C’est dans la technique

Parlons technique.
Ces dernières années, j’ai bouffé de la technique. Avant, j’écrivais à l’arrache, comme je voulais, sans trop de plan, sans que l’histoire n’ait de sens. Je n’avais pas spécialement pour objectif d’être publiée. (pour être honnête, je me pensais si incroyablement talentueuse que je pensais que j’avais juste à écrire un manuscrit et que les maisons d’édition seraient trop fan sans même que j’ai besoin de corriger quoi que ce soit, bref, je vivais dans un monde différent)

La bonne nouvelle, c’est qu’aujourd’hui, les ressources sur l’écriture sont ÉNORMES. On trouve des podcasts, des blogs, des chaînes Youtube, un grand nombre de livres. Apprendre la technique, l’art du storytelling, aujourd’hui, c’est possible. Et pour ça, je pense que si écrire ne devient pas nécessairement plus facile, ça n’empêche pas de dire : maintenant, je sais ce que je fais. Je sais dans quelle direction je vais.

Au final, tu as l’impression d’avoir atteint un certain degré de professionnalisme.

Alors oui, pour moi, écrire, ça devient plus facile. Quand on apprend à gérer son anxiété et à croire en soi. Quand on bachote un peu la méthode. Mais surtout quand on apprend à envoyer chier la méthode pour écrire ce qu’on a envie d’écrire, comme on a l’envie de l’écrire.
Tout est une histoire de confiance, de travailler assez dur, assez régulièrement pour finir par croire en soi et croire en ses compétences. Assez pour devenir l’écrivain qu’on rêve d’être.

Parce que c’est à cela qu’on aspire tous, non? Au début, on cherche à devenir le/la auteur.e qui nous a inspiré. Puis, on se cherche, on se découvre, on se trompe et on recommence pour finalement trouver quel écrivain on est. Et pour moi, même si l’écriture restera toujours un défi, un art perfectible à l’infini, je suis persuadée que l’écriture devient plus facile quand on sait quel écrivain on est pour de vrai.

Et vous? Quelle est votre opinion? Est-ce que l’écriture est devenue plus facile avec le temps? Ou est-ce toujours aussi difficile?

Crédit Photo : Mozlase, Pixabay

(6) Comments

  1. Je crois que l’écriture était beaucoup plus facile pour moi quand j’écrivais à l’arrache et que je pensais être naturellement très douée (ce qui était faux). Je me prenais beaucoup moins la tête et j’avais des amis lecteurs très encourageants, alors pourquoi s’en faire ? Mais justement depuis que j’ai découvert toutes les subtilités de la technique, compris à quel point j’étais loin du compte, et en même temps trouvé moyen d’être lue par plein d’inconnus qui n’auront aucune raison de ménager mon ego, je flippe beaucoup plus et je suis plus découragée devant la masse de travail à fournir pour faire les choses bien. Mais bon. On ne va pas s’arrêter d’écrire pour autant ! (De toute façon on peut pas 😉)

    1. Lea Hendersen says:

      Aaaah… Ben justement, c’est tout l’inverse pour moi. Avant quand j’écrivais et que je me croyais comme toi “naturellement douée” (cette blague, quand je relis mes anciens textes, je veux me taper la tête contre les murs!) j’avais tout le temps l’impression de galérer et de devoir attendre l’inspiration. Le fait d’apprendre à maîtriser l’écriture, ça m’a facilité la vie. Parce que j’ai des vraies pistes avec lesquelles travailler, j’avance plus dans le brouillard, comme avant.
      Et non, on ne va pas s’arrêter! Certainement pas, surtout pas toi qui viens de signer un si joli contrat !!

      1. Ah c’est drôle que ce soit aussi différent !

  2. Je me retrouve franchement dans ce qu’a dit l’Astre. Présentement dans ma démarche, je découvre tout ce que je dois encore apprendre à maitriser. Je sais depuis longtemps que le vrai travail d’écrivain n’est pas celui de l’écriture instinctive. Pas que (parce qu’il faut quand même la garder celle-là). Je trouve plus difficile d’écrire à présent parce que j’ai un plus franc recul sur mon travail. Une croisée des chemins? Un pallier? Après cette étape de franchise envers son propre travail, est-ce que ce sera plus facile? Plus facile de se faire confiance et de croire en soi peut-être. Savoir qu’on puisse apprécier son travail parce que, justement, on le voit avec plus d’honnêteté?
    Merci pour cette réflexion qui concorde justement avec les miennes présentement. Ça me donne encore un avenir dans l’écriture. 😁

  3. Je suis un peu en retard mais je ne trouve pas que l’écriture devient plus “facile” à force d’écrire.

    Je pense que la seule chose qu’on en retire, c’est un premier retour d’expérience. On connait nos habitudes et on sait comment se mettre à travailler. La difficulté reste la même mais on va dire que l’expérience fait qu’on ne tombe pas dans le flou artistique des premières fois (construction des personnages, univers etc). Comme tu l’as justement dit, maintenant les ressources sont innombrables et de qualité!
    Merci Internet et surtout, merci aux gens passionnés comme toi de partager tout ce contenu avec le monde !

    De mon coté, je suis comme Astrid. Plus jeune, j’ai toujours été productive mais la qualité des choses laissait vraiment à désirer. Maintenant, soit je bloque soit je suis d’une lenteur qui m’exaspère parce que je sais que je n’arrive pas à délivrer ce que j’ai dans la tête sur le papier.

    Mais bon, on ne lâche pas l’affaire !

    1. Lea Hendersen says:

      Tu vois, j’ai écrit cet article il y a quelques temps et maintenant, je sais plus trop si je le pense encore ou pas. Je travaille sur un nouveau projet et même si en effet, j’ai bien roulé ma bosse en écriture, je me retrouve encore à faire d’énormes boulettes.
      Mais je trouve qu’au-delà des connaissances, j’ai un état d’esprit différent.
      Je suis plus patiente, j’accepte d’écrire mal, mais j’accepte aussi quand j’écris bien et quand je peux être fière de mon travail. Je sais aussi qu’un premier jet peut (et doit) être retravaillé plusieurs fois et souvent avec l’aide de relecteurs.
      Je pense que la principale leçon que je retiens de toutes ces années d’écriture seule reste que : il faut se mettre au travail parce que personne ne le fera à ta place. Et ça, je suis quasiment obligée de me le rappeler à chaque fois que je rechigne à écrire. Et je rechigne toujours.

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