Tambouille pour écrivain

700 mots – Mon challenge d’écriture

En ces périodes troubles de fin de Nanowrimo, je reviens vers vous avec un article qui va à l’encontre de toute cette dynamique de productivité.

Parce que je suis une connasse à l’esprit de contradiction.

Ces derniers temps, j’ai eu quelques soucis, écrituralement parlant.
En septembre, j’ai écrit une histoire et en attendant de la corriger, j’ai eu envie de bosser sur un autre projet. Une histoire d’amour, quelque chose de léger, mais plus j’avançais, plus je me disais : “Mais… Mais c’est nul!”
Le plot était pas solide, mon personnage avait d’autant de charisme qu’une endive, et je n’avais aucune inspiration, même avec un plan rédigé à l’avance.
Bref, j’allais à reculons à mes séances d’écriture, je ne me sentais pas du tout habitée par mon histoire et je m’ennuyais comme un rat mort en essayant de l’écrire.

Donc, j’ai dit : Fuck it, j’arrête.

Et je me suis retrouvée au chômage technique. Sans projet fixe, et sachez-le, j’ai HORREUR de ne pas être en train d’écrire. Je tourne en rond, je râle, je mets à faire le MÉNAGE pour m’occuper (alors que je hais faire le ménage) et je fais aussi énormément de gâteaux (ça, par contre, c’est cool.)
Je suis donc allée voir mon mec, dimanche dernier, et j’ai dit :
Donne-moi sept thèmes, n’importe lesquels. Et pour chaque thème, je vais t’écrire une histoire de 700 mots. Une par jour pendant sept jours.

Evidemment, le boyfriend était ravi et m’a donné les thèmes suivants :
1- Grille-pain
2- Fantôme
3- Portrait
4- Chaussée des géants
5- Épée
6- Huis-clos
7- Le préquel de la vie de Tommy Shelby (le boyfriend est obsédé par les Peaky Blinders.)

Et je me suis donc attelée à faire mon boulot. Chaque matin, avant d’aller au travail, je me levais un peu plus tôt pour écrire mes 700 mots, en essayant d’avoir une situation initiale, un retournement de situation et une fin. Pas de pression, il me fallait juste un texte.

Faire tourner la machine

Le style, ça s’entretient. Comme beaucoup d’entre vous, j’ai toujours aimé écrire et j’ai toujours eu une chouette plume qui faisait frémir de plaisir mes profs de français. Mais le style, c’est pas juste plaire à Monsieur Leprofdefrançais, c’est aussi trouver sa voix, développer son vocabulaire, son monde, son propre rythme. Et ça, ça se fait que d’une seule manière : il faut écrire beaucoup et écrire régulièrement.
Quand je n’écris pas pendant longtemps, il se passe deux choses :

  • J’oublie ma façon d’écrire
  • Et du coup, je commence à copier le style d’autres auteurs.

Donc, c’est glauque et c’est triste.
Pour m’assurer que je ne perde pas mon style, j’écris sur ces petits thèmes parfois sérieux, parfois concons. Mais au moins, je n’oublie pas une chose de très importante : oui, j’écris bien. Oui, j’ai du style. Quand je me relis, je suis contente de moi.
Et plus j’écris, mieux j’écris.

Me rassurer

Quand tu galères comme une gogole sur un projet comme j’ai fait ces dernières semaines, tu as une petite voix bien nulle qui s’amuse à dire à ton oreille : “Ah bah, mon lapin ! On y arrive pas? Bah c’est foutu, tu ‘arriveras plus jamais!”
Merci, connasse.
On peut facilement se laisser bouffer par cette impression d’être complètement à chier quand on est confronté à ce genre de situation. Mais avec mon petit challenge, je me suis rassurée : outre le style, je peux aussi partir d’une idée aussi débile qu’un grille-pain pour créer un monde, un univers et un grille-pain révolutionnaire à tendance sociopathe.

Cultiver son imaginaire

L’imaginaire, c’est un jardin. C’est une forêt.

J’ai toujours eu beaucoup d’imagination. Je prends une situation débile et j’en fais un roman de 300 pages. C’est comme ça, c’est mon truc. Et je pense que tu es pareil. Mais ces derniers temps, j’y arrivais moins. J’avais une barrière qui m’empêchait de faire les choses. Une idée sournoise qui murmurait : cette idée ne sera jamais publiable.
Mais l’imaginaire a besoin d’être entretenu. Comme un jardin. Faut l’arroser, enlever les mauvaises herbes. Planter au bon moment de l’année (merci pour la métaphore, Léa.)
Et le mien était en jachère. Tristement.
En écrivant tous les jours sur des sujets aussi bizarre, j’ai trouvé un truc qui m’a beaucoup rassurée : un seul mot me suffit pour créer une histoire. Mais surtout, j’ai juste besoin de m’asseoir, de me forcer à allumer la petite bougie pour qu’un feu apparaisse. Plus j’écrivais, plus jamais envie d’écrire. Et je n’allais plus à reculons vers mon ordinateur pour écrire.

Le plaisir d’écrire pour rien

Des fois, j’oublie à quel point j’aime écrire. J’aime juste ça. Outre les idées de publication, de “faire les choses bien”, j’ai aussi ce besoin d’écrire. De me faire plaisir en passant ces 30 minutes par jour à écrire. Juste parce que ça m’amuse et que ça me rend heureuse.
Et je n’écris pas vraiment pour rien puisque je lis mes histoires à mon copain tous les soirs. J’écris pour lui, pour nous, pour rien. Parce que j’en ai envie. Ces textes ne verront sans doute jamais le jour, mais je m’en fous. Je kiffe.

Bref, je vous encourage, les copains, à faire pareil.
Ecrire des petits textes de 700 mots, sans pression. Sans obligation d’écrire quelque chose de magistral, d’être publié, pour impressionner la société. Juste pour vous. Pour le kiff.

Et vous, vous avez déjà fait ça?

(10) Comments

  1. “Et vous, vous avez déjà fait ça?”

    Oh oui !
    J’aime bien écrire et passer du temps avec mes personnages, mes univers et mon roman. Mais parfois, ils me sortent par les trous de nez et j’ai plus envie d’avancer.
    C’est souvent à ce moment-là que je fais des jeux d’écriture pour continuer à m’exercer, et éviter de perdre la main.
    Sur un forum où j’étais, je faisais un jeu où il fallait écrire un texte en casant 10 mots. C’était toutes les deux semaines, ça me changer les idées et j’explorais d’autres genres que la fantasy. Sur une autre plate-forme, il y avait des petits défis d’écriture sans prise de tête (un thème, une image ou des mots à caser…). Là, pour le Inktober, j’ai pioché des thèmes et des mots pour écrire, soit 300 mots, soit 1000, mais c’était juste comme ça. Et mes textes de blogs sont maintenant tous tirés d’un thème que mes proches m’ont donné.
    Depuis que je fais ça, mes moments de pannes durent 2 semaines maximum, au lieu des 6 mois habituels d’auto-flagellation (un coup pour ma nullité, un coup pour mon inutilité, un coup pour… etc.)

    Ton texte sur le grille-pain vend du rêve…

    1. Lea Herbreteau says:

      Oooh j’aime trop ton témoignage, ça me rassure beaucoup parce que je le vis plutôt MAL de ne pas avoir de projet en cours. J’espère que ça me débloquera. Après tout, si ça a marché pour toi, ça marchera sans doute pour moi !
      De mon côté, je vais très peu sur les forums. Même en ligne, je suis hyper timide!!!

      1. Pour contre-balancer, je ne le vis pas toujours bien^^
        Parfois, quand je passe mon temps à écrire autre chose, je finis par culpabiliser, comme si c’était une forme de fuite en avant.

        Résultat… j’ai écrit un texte où mes personnages me reprochaient d’écrire d’autres histoires, que c’était une sorte de trahison, (et aussi que je récupérais souvent le même prénom pour un type de personnage). C’était sous forme de pièce de théâtre , pour le défi, parce que ce sont des textes que je lis rarement, et écris encore moins. Ça m’a fait bizarre à écrire, mais je suis marrée à le faire. Et, gâteau sous la cerise, ça m’a motivé à reprendre mes projets laissés à l’abandon.
        C’est un peu spécial comme méthode, mais j’aime bien écrire alors je me suis servie de l’écriture pour me débloquer.

        1. Lea Herbreteau says:

          Moi je trouve ça très logique et très beau (et un peu rigolo, aussi !)
          Dans un des thèmes que m’avait donné mon mec pour mes 700 mots par jour, il y avait “Huis-clos” alors j’ai écrit un huis-clos entre moi et moi-même pour essayer de comprendre pourquoi je n’écris plus. C’était un peu mélancolique comme exercice, mais j’ai bien aimé voir ces deux Léa s’engueuler sur “Et pourquoi t’écris pas?” “Bah parce que j’ai peur d’être une merde!”
          Au final, ça m’a aidée !

        2. Chewbacca_thi says:

          Pour rappel Weber a presque toujours les memes noms pour ses personnages… ca ne gene pas grand monde ^^

  2. Oooooh j’approuve tellement cet article ! C’est vital d’écrire « juste pour le kiff » comme tu dis, ça revigore et ça nous rappelle pourquoi on aime ça, écrire.
    Pour ça les ateliers d’ecriture avec des contraintes (exactement comme t´as fait avec ton copain) c’est top. Et des fois ça nous fait sortir de notre zone de confort, voire ca nous ouvre des pistes insoupçonnées (du style « tiens j’ai fait ça pour déconner mais en fait j’en kiffe écrire comme ça »). En gros, faut des laboratoires d’experiences !

    1. Lea Herbreteau says:

      Mais c’est exactement çaaaaa !!! Un “laboratoire d’expérience” Je me suis amusée à écrire sur des tas de sujets différents, avec des tons et des personnages différents. Bref, j’explore, j’essaie de voir mon style. Et je sors de ma zone de confort.

  3. Chewbacca_thi says:

    Merci encore pour cet article plein de sagesse et d’expérience (je sais bien que tu vas tenter de minimiser ces compliments)et d’humour. Je n’ai pu m’empêcher d’imaginer ta tête disant “petit lapin” (ce que je me suis surpris à faire quelques fois ces temps ci avec le même ton un brin flippant. J’ai du voir trop de vidéos à la suite).
    Je garde précieusement cette idée pour une période de break où j’aurai envie de bâillonner mes persos parce qu’ils prennent parfois trop d’autonomie et n’en font qu’à leur tête. C’est pareil pour les enfants on les aime et tout ça mais ils vont quand même pas venir chambouler le synopsis global. (je parle d’écriture ou d’enfants à la base?)
    En tous cas merci beaucoup, bon grille pain et enjoy d’avoir un mec qui te soutiens dans ta démarche productive. Ce n’est pas donné à tous.

    1. Lea Herbreteau says:

      Non, non, je ne minimise pas les compliments, c’est vrai que je suis d’une immense sagesse !! ^^
      Oui, mon mec me soutient complètement, il trouve tout ce que je fais trop bien, et quand il trouve ça nul, il n’a aucun scrupule à me le dire aussi. Donc c’est vraiment un super relecteur.
      Et merci à toi pour ce commentaire qui m’a beaucoup beaucoup beaucoup fait rire !!!

  4. […] mon article, l’année dernière 700 mots par jour, je vous racontais que j’avais sommé mon cher et tendre de me donner 7 idées. Pour que […]

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